La loi du nombre a fait de la démocratie représentative la recette politique la mieux partagée dans le monde libéral. A l’opposé du marxisme qui s’abstient de toujours donner raison à la majorité, le libéralisme se sert de cette la loi pour trancher, devant la situation de compétition électorale. Ici, la survie de la République est intiment liée à la volonté de la majorité. Peu importe si elle a raison ou elle a tort, car du point de vu marxiste, « la majorité n’a pas la mission de nous indiquer ce qui est bien ou ce qui est mal : notre conscience le fait ».
Presque partout dans les espaces de compétitions politiques, la majorité impose sa volonté et sa vision au plus petit nombre. Il ne s’agit pas toujours d’être « le meilleur ». La loi du nombre n’exige pas d’être bon mais plutôt d’avoir le score le plus élevés devant les « adversaires » politiques. Cette facette de la démocratie représentative ne se préoccupe « nécessairement » pas de « légitimité » mais juste de « légalité ». On parle ici de « compétition » électorale : la loi du nombre est une question de score.
Les échéances électorales au Sénégal, depuis 1960 à nos jours, ont pris cette allure de compétition entre des « adversaires » du champ politique. La loi du nombre indique les arcanes du jeu électoral. Par exemple, dans une élection présidentielle, si un parti remporte 40% des suffrages, il est « minoritaire » devant les autre 40% repartis aux autres candidats et les 20% qui représentent les non votant. Puisqu’il faut une « majorité » vainqueur et une « minorité » vaincue, un deuxième tour de vote va s’imposer. Les minorités vont s’allier pour sortir « majoritaire » : il s’agit ici d’une alliance strategique de minorités pour sortir vainqueur par le score : une fausse majorité qui peut gagner par une seule voix de plus sur la moyenne (51%).
Dans le cas des élections municipales, de façon terre à terre, sur cent (100) votants, si le cas X remporte les soixante (60) voix, il est « logiquement » déclaré vainqueur. Peu importe si milles (1000) autres potentiels électeurs se soient abstenus de voter.
La loi du nombre : dans les instances de décisions, les voix sont organisée à constituer des groupes majoritaires. Ces groupes majoritaires sont en soi des pouvoirs agissants qui décident du sort du peuple qu’ils supposent représenter. Cet aspect du phénomène électoral a imposé une géopolitique à deux tendance : là où il y’a un enjeu politique, il y’a toujours deux camps : une majorité qui impose sa volonté et une minorité qui refuse de subir les conditions imposées par la majorité : un conflit d’enjeux politiques qui prend la place et le temps à l’œuvre de développement.
Au niveau local, dans presque toutes les parties du Sénégal, les conseils municipaux sont majoritairement composés d’éléments de même parti que le maire, que le président de la Republique. La précaution pour le maire, du point de vue politique, consiste à disposer du plus grand nombre de conseils municipaux, par devers lui. Les décisions budgétaires ainsi que les supposés politiques de développement locales sont toujours validées par le camp majoritaire du maire.
Quand la majorité impose sa volonté pour ce qui concerne le budget à verser dans les politiques de développement, il devient presque insensé et peine perdu pour la minorité que de réclamer une évaluation du bilan des réalisations, d’autant plus que cette même majorité fait partie de l’instance qui évalue.
La majorité protège qui ?
Dans le cas des élections municipales, la tradition politique du Sénégal veut que le chef du gouvernement aide au financement de la campagne électorale des candidats du parti au pouvoir. Il met à leur disposition tout ce dont ils ont besoin en termes de ressources financières moyens techniques : ces candidats sortent, en général, vainqueur des élections. Une fois la victoire, les maires s’organisent pour la nomination d’un conseil municipal majoritairement conquis par le parti au pouvoir : c’est pour un souci de protection et de renforcement du pouvoir décisionnel quand viendra le moment de procéder à l’élaboration des programmes socio-économiques et des prévisions budgétaires.
Dans la région de Louga, les élections présidentielles dernières ont fait l’objet de promesses autour de la problématique de l’eau potable (pour la zone de keur Moàmar Sarr) et de réalisation de routes pour cette même partie du département de Louga. La commune de Keur Momar Sarr est considérée comme un potentiel grenier économique pour toute la région qui l’habite. Le potentiel hébergé dans cette partie Nord du Sénégal attire les entreprises internationales qui l’exploitent à leurs bénéfices.
Toujours revenant sur les promesses électorales, des industries de transformations céréalières et l’organisation du secteur ouvrier dans l’optique d’absorber le chômage dans cette partie du Sénégal.
Promesses électorales et budget participatif : dans l’élaboration des programmes de développement socio-économique, les populations (en l’occurrence des entités qui les représentent) OBLIGATOIREMENT sont sensées être convoquées, pour identifier les besoins prioritaires et les infrastructures à inclure dans les prévisions budgétaires.
Les promesses électorales, en général, se portent sur les besoins prioritaires. On s’en sert comme prétexte pour s’épargner le devoir de convoquer les groupes représentatifs des populations, les promesses électorales sont maintenues comme programmes socio-économiques, encore juste que, sous la responsabilité de la majorité qui décident et qui évalue, ça tarde à se réaliser dans cette partie nord du Sénégal.
S’agit- il d’un manque de ressources ou plutôt d’un non-respect des engagements décidé ? Une « volonté de tenir le peuple en otage» ? « Quand le besoin de satisfaction est là, le peuple qui vit de cette situation de privation et de déficit est lié de façon dépendante au parti qui gouverne son destin », nous dira le professeur syndicatliste Elage Malick Diouf. « En faveur du parti au pouvoir qui gère en général la mairie, le peuple résonne toujours avec la logique de soutien à ce dernier pour qu’il satisfasse ses besoins socio-économiques ».
Satisfaire les besoins socio-économiques des communautés est un risque de perdre le contrôle sur elle. Quand les populations disposeront de routes, d’eau et électricité, elles n’éprouveront plus le besoin de courir derrière le candidat durant la campagne électorale.
Le maire de la commune de Keur Momar Sarr : il invite le président de la République à se rappeler de ses promesse, en particulier son engagement à réfectionner la grande route sensée désenclaver la commune en question qui est presque un carrefour économique pour la partie nord du Sénégal. Cet appel est sans doute une touche particulière de sa part, d’autant plus qu’il ne nie pas les lenteurs du gouvernement vis-à-vis de la commune de Keur Momar Sarr.
S’agit –il d’une réelle complainte ou une façon de dégager sa responsabilité face devant les populations de la commune ? Keur Momar sarr qui est un potentiel grenier économique est aussi le siège de la misère socio-économique, un presque désert en terme d’infrastructures.
Ndiambourinfo