Dans le quotidien de ces femmes d’émigrés

Dans le quotidien de ces femmes d’émigrés

Des épouses au sort sévèrement éprouvées. Elles sont si nombreuses ici à Louga à refouler leur mal intérieur, dans la solitude de leur situation.

Dans la quête d’un lendemain meilleur, les lougatois optent empruntent le chemin de l’émigration, laissant derrière eux épouses et         familles. Cette situation vue de loin ressemblerait à du confort dans une belle villa aux beaux décors. Mais qu’en est –il pour ces femmes esseulées dans leur vie conjugale, juste entourées par la belle famille ? Sont –elles heureuses, épanouies, ou juste malheureuse sous le maquillage du luxe matériel ?

Le phénomène de l’émigration est vieux de plusieurs millénaires. De tout temps, l’homme a tendance à se déplacer d’une terre à une autre, suivant le mouvement des ressources vitale.  La dégradation généralisée des conditions de vie dans des pays sous-développés comme le Sénégal poussent généralement ses fils à rejoindre d’autres pays, d’autres continents à la recherche d’une meilleure vie matérielle.

La Région de Louga est terre d’émigration. Hors du Sénégal- en Afrique et dans d’autres continents- la diaspora compte des milliers d’immigrés provenant de cette région.  Ainsi, Louga fait partie des villes les plus marquées par ce phénomène.

« Chez nous, nous avons plus de quatre émigrés », nous informe cette dame du nom d’Adja Guèye. Le désarroi coule de ses propos : « Je suis restée sept (7) ans sans voir mon mari », se lamente-t-elle. « C’est une situation très difficile et je l’ai mal vécu », poursuit-elle. Astou Ndiaye ira plus loin : « j’en suis même tombée malade, du fait du long temps que je suis resté sans voir mon mari ».

 Cet avis peut être appuyée par les parles de cette mère de familles d’environ 57ans du nom de Arame Gueye. « Être femme d’émigré est très difficile », reconnait –elle. « C’était d’ailleurs plus difficile pour nous qui n’avions pas, en nos temps, internet ». « Nous pouvions rester des semaines sans avoir nos maris au téléphone ».  Par ailleurs, rajpoute-t-elle « ce qui a été le plus dur à gérer pour moi c’était l’éducation des enfants qui devaient grandir sans la présence de leur père ». « Cela demande beaucoup de sacrifices », prévient –elle.

Néanmoins malgré le fait que la plupart de nos interlocutrices soutiennent des conditions pas assez favorables par rapport à leurs vécus de tous les jours, le constat est que les jeunes lougatoises se marient souvent avec des émigres. « Face à cette société qui devient de plus en plus matérialiste nous sommes obligées de suivre les tendances », nous dit cette jeune fille qui a voulu nous parler sous l’anonymat. Elle y ajoute que « à Louga quand vous vous mariez, la première chose que les gens cherchent à savoir c’est est ce qu’il s’agit d’un émigré ou pas ». Après tout, se réjouit –elle, « ils donnent des dots à hauteur d’un million ou plus ». « « « Nous savons tous qu’avoir une dot exorbitante est une réalité bien sénégalaise au plus grand bonheur de nos mamans», souligne-t-elle.

Les paroles de cette femme nous montrent que l’aspect financier est pan important à ne pas n’négliger, face à la prolifération de ce phénomène. « Mon mari m’envoie de l’argent chaque fin du mois. « Mais contrairement à ce que pensent certains nous avons des problèmes » Indique Fatou Dia mariée à un émigré. « Etre dans un mariage à distance est des fois synonymes de beaucoup de problèmes. Non seulement il y a la solitude, mais ce que nous recevons ne nous permet pas souvent d’arrondir les fins du mois », se lamente-t-elle. « La plupart d’entre nous ne faisons que sauver les apparences », « de ce fait il y a beaucoup de femmes qui s’endettent ».

Codou Fall ex-femme d’émigrée.  « Parfois nous rencontrons de belles familles assez capricieuses », se désole-t-elle. « Il arrivait à ce qu’on appelle mon mari à mon insu pour le rapporter des faits à mon sujet que n’est jamais commis », se plaint-elle. Elle regrette : « Ils sont même arrivés jusqu’à m’inculper d’adultère. Et ceci à sonner le glas de mon mariage». L’autre problème, souligne-t-elle, « s’il y a un fait qu’il ne faut pas n’négliger dans un mariage avec un modou-modou c’est qu’il sait mieux gérer une relation d’avant mariage que pendant la vie de couple ».

Bref, tout un ensemble de problèmes que ces femmes sont obligées de gérer et d’endurer : «  je suis obligée d’accepter cette situation aux vues de l’accentuation du sous-emploi, de la faible rémunération du travail et de la généralisation du chômage » conclut Aida Fall, elle aussi dans le lot des femmes d’émigrés.

Tout un ensemble de faits que vivent ces femmes au nom du « salut ».

Ndiambourinfo

Gamou Gadiaga, stagiaire

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