Le principe de transparence et d’efficacité adossé à la gestion des affaires locales constitue un indicateur de bonne gouvernance. Cette démarche met les populations, en tant que qu’acteurs à impliquer, au centre du schéma de prise de décisions. La question de la gestion participative dans les affaires locales a constitué un enjeu depuis 1972 avec la politique de décentralisation. Un tel enjeu est aujourd’hui renouvelé avec l’Acte III de la décentralisation dans un contexte ou des indicateurs d’une mauvaise gouvernance sont encore observés dans la gestion des affaires locales.
La transparence et l’efficacité dans la conduite des affaires semblent être partagées partout dans le monde. Cela est d’autant plus vrai dans les pays sous-développés comme le Sénégal ou ces deux piliers (transparence et efficacité) de la bonne gouvernance conditionnent l’aide publique au développement. Rappelons que la bonne gouvernance a pour objectif de définir les droits et les responsabilités de manière à améliorer la coordination et les compétences des parties concernées, de même à stimuler le développement. L’Atteinte de cet objectif suppose une participation et une responsabilisation des citoyens dans la gestion des affaires locales.
La gestion est un processus spécifique de rationalisation portée par des principes, des acteurs, des institutions et des dispositifs techniques. Le sens courant de la notion de gestion fait référence à trois paliers : les activités d’administration, les activités d’organisation et les activités de direction.
La participation, quant à elle, est une démarche, un processus établi dans le but d’attribuer un rôle à l’individu, dans la prise de décision qui l’affecte ou sa société de manière globale. Le concept de participation est encore considéré comme la « mobilisation du travail plus ou moins volontaire et enthousiaste, le fait d’être consulté avant un projet, de contribuer à une enquête sous forme d’entretien au profit de l’équipe de projet, de bénéficier d’une action censée renforcer son propre pouvoir, d’être invité à une négociation pouvant, peut –être, déboucher sur des décisions en sa faveur ». Cette définition laisse apparaître des caractéristiques telles que : la consultation, la contribution et le pouvoir.
A travers ce qui suit, nous pouvons déduire que la gestion participative est un processus spécifique de rationalisation portée par des principes, des acteurs et des institutions, des dispositifs techniques, qui prend en compte les avis des citoyens dans les prises de décisions qui affectent leur vécu. De ce fait, la gestion participative, au-delà de la seule représentation des parties prenantes, a pour finalité d’impliquer les populations, en tant qu’acteurs, sans exclusion, à toutes les échelles du vécu socio-économique de stimuler un mieux-vivre, ensemble. Ce qui implique une gestion transparente et efficace de la chose publique dans un souci de développement.
Qu’en est –il de la gestion participative dans les affaires locales? En prenant appui sur la décentralisation, nous pouvons, sans conteste, poser le débat sur la gestion participative. En effet, en mettant en œuvre la politique de décentralisation depuis 1972, le gouvernement du Sénégal cherche à susciter le développement à partir de la base par la participation des citoyens. Cette vision est réitérée dans l’Acte III de la décentralisation ouvrant un nouveau moment de territorialisation.
Cette réforme de 2013 vise la mise en place de « territoire viable, compétitif et porteur de développement » à travers une responsabilisation des collectivités locales et des populations dans l’organisation et la gestion de leur terroir. Toutefois, des problèmes multiples sont notés en rapport avec la transparence et l’efficacité dans la gestion des affaires locales :
- manque de viabilité des collectivités locales et de valorisation des potentialités de développement territoriales ;
- suspicions de détournement de fonds ou opacité dans la gestion ;
- faiblesse de la coproduction des acteurs du développement territorial qui induit fortement l’inefficacité des interventions ;
- non application des mécanismes de réédition de compte ;
- exclusion des citoyens dans la prise de décision…etc. ;
Ces quelques contraintes identifiées sont parfois à l’origine de conflits qui prennent parfois des dimensions tragi-dramatiques. En attestent, les événements de Fanaye de 2011. Pour parer à de telles situations, il importe de revenir sur les fondamentaux de la gouvernance locale que sont la transparence, l’efficacité et la participation dans la gestion des affaires locales.
La transparence et l’efficacité dans la gestion des affaires locales ne sont possibles que par une participation des citoyens à la prise de décision. En effet, les populations doivent être impliquées du début à la fin du processus de gestion des affaires locales, c’est-à-dire qu’elles doivent être informées, consultées et leurs avis doivent être pris en compte. Ce qui passe évidemment par la mise en place d’un cadre de dialogue et de concertation qui constitue un lieu de rendre des comptes de la gestion des affaires locales mais aussi de réflexion sur le vivre ensemble. Cet espace doit être inclusif et participatif. En d’autres termes, la mise en place de ce cadre doit prendre en compte toutes les sensibilités et diversités (morphologique, biologique, politique, économique, culturelle, sociale, etc…) locale. C’est ainsi qu’on arrivera à la transparence et à l’atteinte de l’efficacité dans la gestion des affaires locales gage d’un développement territoriale.
Dr Papa Ngore Sarr Sadio, Socio-anthropologue