L’autopont de Keur Massar, une infrastructure censée symboliser le développement et la modernité, est aujourd’hui victime d’une utilisation dégradante. Ce qui devrait être un espace d’utilité publique se transforme peu à peu en urinoir à ciel ouvert, offrant un spectacle désolant. Mais au-delà des constats, il est essentiel de poser les bonnes questions et d’identifier les véritables responsabilités.
Il serait injuste de pointer du doigt uniquement les communes ou les habitants sans prendre en compte la complexité de la situation. En effet, l’état actuel de l’autopont est révélateur d’un problème plus global lié à l’aménagement urbain et à la gestion des espaces publics. Si l’incivisme joue un rôle non négligeable, il est également indéniable que l’absence d’infrastructures d’hygiène adaptées contribue largement à ces dérives. Les toilettes publiques, par exemple, restent quasi inexistantes ou mal entretenues dans cette zone, laissant les populations sans alternative.
Par ailleurs, les communes font souvent face à un manque de moyens financiers et logistiques pour gérer efficacement les espaces publics, malgré des attentes élevées de la population. Ces défis ne doivent cependant pas excuser le manque de sensibilisation ou de prise en charge proactive des problèmes par les autorités locales.
D’un autre côté, les habitants ont un rôle clé à jouer dans la préservation des infrastructures mises à leur disposition. Le respect des espaces publics et un sens accru de la responsabilité citoyenne sont indispensables pour éviter de telles dérives. Il est crucial de rappeler que ces infrastructures appartiennent à tous et qu’en dégrader l’usage, c’est pénaliser la communauté dans son ensemble.
Face à cette situation, une solution durable nécessiterait une collaboration étroite entre les autorités locales, les associations de quartier, et les citoyens. Cela passe par l’installation d’équipements adéquats, un entretien régulier des espaces publics, mais aussi une sensibilisation massive aux comportements responsables. Des campagnes de communication sur la propreté urbaine et le civisme, ainsi qu’un cadre légal appliqué pour les actes d’incivilité, peuvent également jouer un rôle clé.
Il est temps de repenser notre rapport aux espaces communs et de rappeler que leur préservation est une responsabilité collective. Transformer des lieux de passage et d’échange en dépotoirs ou urinoirs est une atteinte non seulement à l’environnement, mais aussi à notre dignité collective.
Ibrahima Ndiaye blogueur
Ndiambourinfo