Ibrahima Séne : au chevet des personnes souffrant de problèmes de mobilité

Ibrahima Séne : au chevet des personnes souffrant de problèmes de mobilité

Portrait d’un homme à la mobilité réduite devenu pionnier dans l’entreprenariat et dans l’assistanat social des handicapés.

Natif de Foundiougne à la petite côte, ses parents sont originaires de Ngaparou. Son père Feu Alassane Séne fut affecté à Louga en tant que chef de service au niveau de l’hydraulique.

« Nongo Daara » à l’origine, ses parents l’amenèrent à l’école française pour enrichir son intellect. C’est précisément à l’école Mbanté situé au quartier Montagne Sud ou il a fait sa scolarité jusqu’au CM1. De là, son père le retira pour l’amener s’inscrire à l’école franco-arabe de Manar Al Houda ou il a suivi les cours juqu’à la quatrième année (CE2). A partir de là, son père le confia à Serigne Cheikh Mbaye qui est un fils de Mame Cheikh Mbaye (RTA) de la famille du défunt Djily Mbaye.

Comme souhaité par son père (à lui Ibrahima Séné), Serigne cheikh Mbaye assura l’encadrement de l’enfant pendant trois (3) ans avant d’être rappelé à Dieu. Le jeune garçon « atterrit » entre les mains de Serigne Sam MBAYE qui lui assura un encadrement jusqu’à l’obtention du BFEM. Ainsi parvint-il à suivre un cursus scolaire à l’institut alkhalafiya avec le niveau bac+2.

Les diplômes reçus au niveau ses instituts coraniques n’étant pas, en ce temps, n’assuraient pas l’emploi. Il n’y avait pas d’emplois prévus pour ces cas d’espèces. Ceci l’obligea à se lancer dans l’enseignement dans une école coranique pendant douze (12) ans.

Le jeune adolescent à la mobilité réduite se fit pourtant repéré dans son pragmatisme. Ainsi fut –il recruté en tant que relis communautaire au niveau du district sanitaire en face de la mairie. De là il bénéficia d’une formation sur la santé de la reproduction pour un travail de sensibilisation. Son intervention dans la sensibilisation des masses aboutit à la création de  l’association ACS. Beaucoup d’outils de communication sur la santé de reproduction toujours disponibles dans certains districts sanitaires ont été élaboré par ladite association.

L’idéal d’une vie soutenu par une philosophie humaniste

Depuis tout petit qu’il était, la demeure familiale était un lieu d’affluence. Très fréquentée, la maison recevait presque tous les profils de la communauté. Le statut des autorités qu’il voyait attirait son attention. Le petit garçon d’alors rêvait ainsi de devenir une grande personnalité, une autorité qui se fera la mission d’aider les gens, de réaliser de grandes actions sociales au profit des masse démunies, en particulier les handicapés. Cet état de rêve chez le petit garçon d’alors est comme ressenti par son père. « Ibrahima, tu es certes diffèrent des autres du point de vue de la mobilité. Tu ne bénéficie pas de toutes tes facultés physiques. Mais c’est un défi pour moi que de te forger à devenir quelqu’un, une personnalité solide, dans un corps solide, malgré ton handicape », lui dit –il. Son père parvint ainsi à lui créer les conditions de devenir l’homme social auquel aspirait le petit garçon.

Ces sentences qui continuèrent à résonner toujours dans l’esprit du jeune d’alors, il ne cessa de prouver son engagement et son pragmatisme. Le sort de la couche sociale des personnes souffrant d’handicape physique et mental marginalisées dans la communauté lui servit de motivation à plaider pour cette catégorie, à défendre son intérêt dans un contexte où beaucoup de facteurs participent à leur mise en écart. Cet élan  le propulsa d’ailleurs à la tête l’association des handicapés moteurs comme président. Mis à part cette casquette de « protecteur » de la couche des handicapés, Ibrahima Séné prouva son talent d’entrepreneur et joue depuis lors sa partition pour le développement économique et social de ce pays. Incroyable : il dispose son entreprise et un personnel qu’il paye chaque fin du mois. Ironie du sort : handicapé physiquement, c’est pourtant lui le Directeur Générale de son entreprise et c’est lui qui commande et paye son personnel, ses agent jouissant de toutes les facultés physiques.

La perception du handicap physique chez lui est bien différente de ce que pensent beaucoup. Ibrahim va jusqu’à croire que le handicap physique est un avantage. Selon lui, C’est Dieu qui a Décidé de t’ôter d’une faculté physique, c’est Lui qui Va t’Accompagner dans tout ce que vous faites. C’est ce sentiment de la Main de Secours du Divin qui a fait que le handicape ne soit chez lui ni un frein ni un blocage pour son engagement et son épanouissement physique.

Cependant, trouve-t-il, il y a différentes catégories d’handicaps très lourds. Ces derniers n’ont pas les possibilités d’aller à l’école, ni d’expériences de pratique pour travailler. Ils n’ont  fréquenté ni école française ni école coraniques. Ceux-là souffrent de blocages qui s’opposent à leur épanouissement.

Question de justice sociale…

Handicap est-il égal à mendicité ? « Un jour à la banque, un élément du personnel me remit cinquante (50) francs. Me voyant avec les béquilles, il pensait que je venais mendier. J’ai accepté sans rien dire. Cela ne m’avait vexé par ce que je m’étais déjà préparer à ces genres de situations…(…)…Et par rapport à mon entreprise Handicap Services, lors d’une de nos réunions pour un marché, il m’est un jour arrivé que je sois retenu devant la porte (de local ou devait se tenir l’activité) par le vigil. Ce dernier aussi me prenait pour un mendiant », raconte Ibrahima Séne.A la croire, la récurrence de la mendicité chez certains handicapés, est souvent causé par un mauvais encadrement depuis le cadre familial. Dans beaucoup de familles, la personne qui né handicapée est négligée. Certains parents ne jugent pas nécessaire de lui trouver une pièce d’état civil, par exemple. La conséquence est que, arrivé à l’âge de sept (7) ans, cet enfant ne sera pas inscrit à l’école, alerte Ibrahima Séne.

Et en dehors de la famille il y a la société qui les encourage consciemment ou inconsciemment à la mendicité, histoire de leur verser des miettes d’aumônes de temps en temps dans les avenues et rues? Le processus de marginalisation commence ainsi. Quelqu’un qui n’est pas inscrit à l’école, qui n’a pas de diplômes, voit ses chances d’intégrer le marché de l’emploi très réduits.

Ainsi comme charité bien ordonnée commence par soit, Ibrahima Séne a intégré dans son association un programme d’encadrement pour ces cas d’espèces, en appui à l’Etat selon lui qui est en train de faire beaucoup de chose pour la promotion des personnes handicapés, depuis la prise en charge de leur transport, des bourse familiales, trouve t-il.

A l’adresse des entreprises, le défenseur de la cause des handicapés invite les décideurs à faire preuve de discrimination positive au profit de cette couche sociale. « Discrimination positive » selon lui qui est bien différent « favoritisme ». Ceci les aidera en leur donnant un coup de pousse. Ibrahima Séne souligne avec insistance les problèmes d’insertion dans milieu professionnel auquel fait face la couche des handicapés qui bagne dans une léthargie indescriptible. Toujours est- il que « les marchés sont là » et  « nous ne voulons pas tendre la main », rappelle-t-il.

Toujours parlant de marginalisation de la couche sociale des handicapés, l’entrepreneur indexe la responsabilité des hommes politique aussi qui ne leur accorde pas suffisamment de place dans leur discours et programmes. « Par exemple lors des campagnes électorales passées, il y a un politicien de renommé qui ne parle même de personnes handicapées, qui n’a même pas un mot dans son programme dédié à l’insertion de cette catégorie ». A l’en croire « il veut être président de la république et ne soucie pas de cette couche qui représentent 15% de la population». « Et si demain il prend les règnes de ce pays, ne va-t-il pas nous exiler ? »

l’Association Handicap Formation Education Communication Culture de Louga

Partie pour restaurer la dignité humaine à la couche des handicapés, l’association Forum Educ se veut d’installer un rapport équilibré entre cette catégorie et sa société.  Créé en 2004, elle compte à ce jour 180 membres dont 80% de femmes.  En tout, 150 personnes handicapées et 30 autres qui sont des personnes valides qui travaillent volontairement pour l’association, renseigne son président. 

Toujours selon la même source, les activités ont une orientation économique et sociale. Et à cet effet, l’association a installé deux unités de transformation. L’une est dans le recyclage des déchets plastiques et l’autre constitue une unité de transformation des céréales locales.

Forum Educ dispose aussi d’un périmètre de maraichage à 10km de Louga. Outre que ça, l’Association mènes aussi d’autres activités dans la sensibilisions et le nettoiement de temps en temps dans certains établissements.

Un manque de moyens coriace…

Seulement, en face de ces performances et acquis, la structure bagne dans un manque de moyens chronique. Le cout de la location de son siège pèse lourdement sur l’association qui tire le diable par la queue pour le payement mensuel. « Nous devons déjà des arriérées de loyer à l’agence immobilière qui gère la siège de l’association et avons même reçu un préavis de leur part. On travaille et accompagne la population mais on dirait que les gens ne se soucie pas de nous », déplore Ibrahima Séne.

Clin d’œil à la municipalité. La subvention annuelle ne dépasse pas 50000 FCFA, apprend le président de Forum Educ « alors que nous travaillons pour la commune ».

« Le maire ne peut pas dire qu’il n’est pas au courant de nos activités », déclare-t-il. « Nous lui avons envoyé un rapport détaillé après la journée de lancement mais malheureusement nous n’avons reçu aucune réaction de sa part », renseigne-t-il. Ibrahima Séne crois que l’actuel maire de « manque de vision ».

La même source informe qu’ll y a deux ans de cala, les déchets plastiques inondaient la ville. « Grâce à nos activités, le drame des déchets plastique a considérablement reculé jusqu’à ce que des gens nous appellent pour nous encourager et nous féliciter », souligne-t-il.

« J’ai eu à rencontrer le maire Moustapha Diop pour lui parler de notre entreprise. Et ce qui me dérange le plus, c’est que Moustapha Diop est le ministre de l’industrie et des petites et moyennes industries. Non seulement il ne nous accompagne pas mais il n’a jamais mis les pieds au sein de notre unité de transformation », se plaint -il.

Ndiambourinfo

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