Les métiers des arts et de la culture peuvent-ils constituer le socle sur lequel s’adosser pour le développement socio-économique de notre commune et son département ? N’est-il pas temps d’adapter les enseignements apprentissages aux besoins réels de nos concitoyens ? Répondre à cette problématique requiert une analyse pointue des liens de corrélation des métiers d’art et de la culture et les différentes dispositions naturelles des groupes sociaux vivant dans nos terroirs. A cet effet, nous partirons de deux constats comme hypothèses de base pour mieux affiner le sujet, puis nous clarifierons notre compréhension de l’importance des métiers artisanaux et culturels sur l’émergence d’une véritable économie, ensuite nous proposerons un cadre pratique pour permettre aux politiques d’explorer les opportunités de financement pragmatiques.
En se référant aux données du recensement général en 2013 et de l’étude nationale sur les enfants et le jeunes hors du système éducatif au Sénégal de 2015, la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP) a fait état de plus 1 500 000 enfants en dehors de l’école (soit 47 pour cent de l’ensemble des enfants d’âge scolaire). Cette même étude révèle que sur 10 enfants hors école, près de 8 n’ont jamais été scolarisés alors que seulement 2 sur 10 sont déscolarisés. Situation ne peut pas être plus préoccupante si l’on sait que la jeunesse est l’avenir de demain mais faudrait-il qu’elle soit instruite et en phase avec le monde en devenir. Dans ce même sillage, il apparaît que notre région figure parmi les cinq régions qui sont les plus affectées par le phénomène surtout que les variations entre zone rurale (60 pour cent) et zone urbaine (30 pour cent) et 10 pour cent en zone semi urbaine. Il est à noter que les causes de cette déperdition scolaire tournent autour des difficultés économiques des familles, de l’analphabétisme de certains parents qui leur font perdre de vue l’intérêt de l’école et l’insuffisance d’une offre éducative adaptée aux besoins des parents.
Le second constat est celui fait par l’Insee (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) qui démontre que le choix d’un métier n’est jamais un hasard. Le milieu familial est un facteur qui peut influencer de façon importante consciemment ou non la décision d’un jeune en ce qui concerne son orientation personnelle. Selon l’Insee 58% des garçons dont le père exerce une profession intellectuelle ou scientifique épousent son métier contre 36% pour l’agriculture et 6% pour autres métiers. Si l’on sait que Louga est une zone où l’agriculture, l’élevage et l’artisanat et autres métiers culturels sont les principaux métiers alors la tendance est lourdement à l’inverse ; nos populations privilégient les métiers artisanaux surtout pratiqués par les parents.
Le secteur culturel est aujourd’hui le lieu de nouveaux enjeux surtout économiques parce qu’il place les créateurs dans une position de conquête de marchés contribuant à la création d’emplois. Le développement de notre patrimoine culturel est un impératif absolu pour l’émergence. La culture est l’essence vivifiante de toute existence humaine en devenir car elle en porte les gênes. Le développement économique ne saurait être circonscrit à priori dans un cadre général national ; il doit être partiellement planifié. Forts des atouts culturels dont dispose notre terroir, des nombreuses retombées générées par nos différents artistes et artisans qui ont eu à transporter à l’extérieur leur expertise culturelle et tenant compte des deux postulats cités en chef, nous pouvons statuer sans ambages qu’il est impératif d’installer des systèmes alternatifs pour réduire et/ou capter les déperditions scolaires.
Alors comme proposition factuelle, nous pouvons dire sans risque de nous tromper qu’ici, à Louga, il nous est loisible de fouiller dans notre socle culturel pour y explorer les opportunités généreuses de financement. Pour cela, il nous suffit d’avoir une volonté politique pour élaborer des stratégies adaptées qui puissent répondre aux nombreuses demandes sociales en fonction de nos propres ressources naturelles mais surtout identitaires. Les métiers des arts et de la culture peuvent réellement contribuer à l’émergence créative de notre terroir, il suffit tout simplement de les encadrer dans un environnement sain favorable à une éclosion positive. Le secteur culturel est aujourd’hui le lieu de nouveaux enjeux surtout économiques parce qu’il place les créateurs dans une position de conquête de marchés contribuant à la création d’emplois. Pour ce faire, il nous faudrait nous départir des expériences fâcheuses du passé qui reléguaient l’art comme l’issue réservée aux bannis de l’école ; La culture n’est ni une simple activité de divertissement pour les masses populaires ni un objet de luxe pour une certaine élite mais elle contribue à l’émergence créative des sociétés. Le professionnalisme est alors une exigence indispensable pour asseoir de véritables industries culturelles friandes de créativité, de compétence et de talent de chacun de nos acteurs culturels. C’est cela qui crée de la plus value via la production et l’exploitation de la propriété intellectuelle.
Les désidératas de nos concitoyens ne souffrent plus d’amateurisme car le développement de notre patrimoine culturel est un impératif absolu pour son émergence. Ces contraintes majeures citées plus haut ont longtemps plombé notre localité et nos artistes et artisans ne sont pas sortis de l’ornière. Raison pour laquelle, il me semble qu’il est opportun de créer, les collectivités locales en accord avec leurs partenaires extérieurs, une académie des métiers des arts et de la culture pour promouvoir notre localité. La future académie aura comme principales missions : La détermination de l’état actuel du secteur des arts et de la culture, le renforcement des capacités des artistes et artisans, l’initiation des enfants depuis l’élémentaire aux activités d’expression corporelle et manuelle afin que les potentialités issus du double héritage (comme disait l’autre) : celui de l’espèce et celui de la lignée parentale soient sitôt opérationnalisées, l’évaluation des besoins académiques et la définition des priorités. Bonne lecture.
Abou Diop Sall du Parti de l’Indépendance et du Travail