Quand l’ignorance economique devient un constructivisme geopolitique.
- UNE MÉCONNAISSANCE DES FONDAMENTAUX ÉCONOMIQUES
Les propos tenus par Cheikh Yérim Seck et Maïmouna Ndour démontrent une absence flagrante de maîtrise des notions de base enseignées dès la deuxième année de sciences économiques. Aucun concept essentiel de macroéconomie, de finances publiques ou de gestion de la dette n’a été mobilisé, laissant place à des interprétations émotionnelles et des lectures approximatives sans rapport avec la réalité économique.
- INCAPACITÉ À COMPRENDRE LE FONCTIONNEMENT DES MARCHÉS FINANCIERS
Les deux intervenants ont montré qu’ils ne connaissent ni les marchés primaires, ni les marchés secondaires, ni le rôle des investisseurs dans la fixation du prix de la dette. Analyser la dette d’un État sans comprendre ces mécanismes est une faute méthodologique majeure, révélant un niveau nettement inférieur à celui attendu d’un étudiant débutant en économie.
- UNE ERREUR GRAVE SUR “42 % DE DETTE LOCALE DÉTENUE PAR DES BANQUES IVOIRIENNES”
Affirmer que 42 % de la dette en monnaie locale du Sénégal serait “contrôlée par des banques ivoiriennes” prouve une incompréhension totale du fonctionnement de l’UMOA. Dans l’Union, le marché de la dette est régional, mutualisé et géré via la BCEAO. La détention croisée entre banques de différents pays est normale, saine et prévue par l’intégration financière. Présenter ce mécanisme comme un risque géopolitique relève d’une méconnaissance profonde de la zone monétaire.
- UNE INTERPRÉTATION ERRONÉE DU RÔLE DES AGENCES DE NOTATION
Les journalistes ont présenté la notation du Sénégal comme un facteur de crise immédiate, ce qui est factuellement faux. La notation n’a pas d’effet direct sur les finances publiques à court terme : elle influence seulement le coût futur de l’endettement et la perception du risque souverain. Confondre ces notions démontre une absence totale de compréhension du fonctionnement des marchés obligataires.
- DU CONSTRUCTIVISME GÉOPOLITIQUE À LA PLACE D’UNE ANALYSE
Au lieu d’exposer les réalités financières du pays, les intervenants ont construit un récit géopolitique dramatique destiné à susciter la peur. En ignorant la structure réelle de la dette 35 % en monnaie locale et 65 % en devises étrangères ils ont choisi la narration émotionnelle plutôt que l’analyse. Ce décalage confirme que leurs propos ne relèvent pas de l’économie, mais d’un constructivisme géopolitique sans fondement technique.
Dr Seydou Bocoum
Certifié par le FMI sur la dette, le rapport de la dette et les relations avec les investisseurs
Ndiambourinfo
