Migration des sénégalais dans la sous-région et en dehors du continent

Migration des sénégalais dans la sous-région et en dehors du continent

Les journalistes et les médias invités à revoir la présentation du phénomène, au-delà de la terminologie traditionnelle jusque-là utilisée.

L’être humain est une créature qui se déplace : il est en soi le mouvement « en chair et en os ». Plus qu’un simple besoin d’aller à la recherche du « pain de vie » de vie, il y’a cette loi de la nature qui opère à faire bouger les choses en lui et en dehors de lui: même s’il y’avait prospérité partout, ceci ne retiendrait tout le monde sur place. Le mouvement – le voyage entre dans ce cadre- est une loi de la nature.

Que dire encore devant un monde caractérisé par des disparités économiques flagrantes : un pôle extrêmement riche qui exploite la misère du monde pauvre.

L’être humain est naturellement enclin à suivre la voie qui mène à l’abondance, ou qu’il puisse l’avoir. La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) perçoit ainsi le phénomène de déplacement du genre humain vers d’autres espaces.

En conclave pendant deux (2) jours dans la commune de Louga les 7 et 8 juin à l’hotel Kawsara, la FIJ a initié les journalistes de la région de la zone à une nouvelle approche sur le phénomène, tout en les invitant à faire une recherche approfondie la déçu.

Le Sénégal est un pays d’émigration et une terre d’immigrés. « La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a jugé nécessaire d’appuyer les journalistes » « pour un traitement plus dynamique des questions migratoires » retient-on de Mouhamed Kandji.  Formateur au service de la FIJ, par ailleurs le journaliste au groupe e-médias, Mr kandji  est revenu sur l’objectif de cette formation qui vise à « outiller les professionnels de l’information à mieux informer sur le phénomène ». La même source a insisté sur la nécessité « de travailler et de développer une connaissance approfondie des migrations » qu’il faut comprendre « comprendre pour faire comprendre ça » aux concernés.

Mr Kandji trouve que « la terminologie traditionnelle portée par les medias cache mal la vérité autour du phénomène ». Ce dernier reconnait le coté dramatique de « l’émigration irrégulière » qui, à son avis est encouragé, entre autres, par « les difficultés à obtenir un visa ». Le formateur n’a pas manqué de souligner « le comportement » malsain de certaines « ambassades vis-à-vis de certains demandeurs» : « ils vous refusent le visa sans explication et sans vous rembourser votre agent ».

Certes il y’a lieu de « parler à l’intelligence des candidats » et d’insister sur « la migration par la voie normale à suivre ». Mais ce n’est pas tout : il faut situer les responsabilités en mettant « le curseur sur les difficultés autour de l’obtention du visa ».

Bon nombre de candidats à l’émigration irrégulière optent la voie de la mer avec ses risques et périls parce que le visa n’est pas facile à obtenir, retient –on de son module de formation. Or, tant qu’il y’a vie, les gens vont se déplacer, quitte à affronter tous les dangers imaginables : « les camps de détentions, les viols, les tortures psychologiques, les meurtres impunis, le trafic, la chasse à l’homme noir, l’esclavage».

Ainsi, les medias internationaux saisissent la balle au rebond en parlant de « peuplade », « invasion », « peuplement », « envahissement », « terrorisme ». Ce vocabulaire est un emprunt inconscient, estime-t-il. C’est un langage caricatural de rejet du phénomène que « les européens utilisent pour justifier le rapatriement des clandestins » et « les nouvelles réglés de restriction autour des frontières ». A l’en croire, « c’est ce champ lexical qui envahit par la même occasion les medias internationaux qui influencent la perception de l’opinion internationale sur le phénomène transcontinental ». Ainsi, le traitement du phénomène par les médias l’assombrit davantage », à la place d’aborder et de sensibiliser sur les vrais facteurs qui incitent les populations à braver la mer.

Justement parlant ca, Mariama Kobar de la FIJ est revenue dans son module de formation sur « les accords de pèches signés avec les autres pays » et  « les bateaux qui utilisent des techniques non conventionnelles de pêche ».

La même source constate que « dans la formulation de la problématique par les médias internationaux, ces problèmes sont frôlés à peine sur l’épiderme ».

Dans les villages de pêcheurs, « il y’a beaucoup de départs. L’émigration devient le recours le plus accessible à la recherche de survie », constate-t-elle. Avec « la perturbation de l’écosystème on assiste à la raréfaction du poisson » et « à cause des codes maritimes appauvris par les grands bateaux internationaux ». Ainsi « les pécheurs et les populations subissent le revers de ces partenariats à l’origine de l’appauvrissement des codes maritimes », regrette-t-elle.  « Toute la chaine de vente depuis le pécheur jusqu’au consommateur, passant par le fournisseur au vendeur se voit privée du produit qui leur permettait de vivre ». 

Souvent simplifiés en chiffres et statistiques, le phénomène dans la terminologie qui lui est donnée par les médias internationaux finit par cacher la bonne information. Tel est l’avis de la journaliste du quotidien Grand-Panel. A son avis « il y’a des lobbies qui ont un intérêt dans la propagation de l’émigration irrégulière » et que « le trafic humain se cache dans le phénomène ». « Nous avons en un moment travaillé avec le député anti-esclavagiste mauritanien Birahime Dah Abeid et à force de fouiller dans le dossier, nous avons découvert aussi qu’il y’a des gens qui sont vendus depuis leur pays d’origine à des clients dans la monde arabe ». Là-bas, une fois qu’ils atterrissent à l’aéroport, renseigne la même source, « leur propriétaire est déjà sur place pour les conduire à son domicile ».

« Devinez la suite ! « il va faire office d’esclave dans la maison de son propriétaire » et « comme il est nouveau là-bas », il ne connait pas encore personne », rajoute –elle. Ça devient plus compliqué, à l’en croire, « il va vivre sous le toit de son propriétaire toutes les galères et supplices imaginables d’autant plus qu’il est coupé de la supposée société qui l’avait copté depuis sa terre d’origine ». « Seul Dieu sait quand est-ce qu’il va trouver un issue un jour et s’évader», alerte-t-elle. « Pire, quand il trouvera une possibilité de s’évader, qui l’aidera à trouver des possibilités de retourner vite à son pays d’origine, vu tous les problèmes que les émigrés ont, dans les pays transite et pays d’accueil,  pour se faire aider par les consulats », demande-t-elle.

Pour preuve à l’appui, Bodiél Sow qui a pris part à la formation a subi le même sort. Le quotidien Grand Panel a décidé de faire un dossier entier sur son cas et toute la magouille portée par les fausses sociétés qui l’avaient copté et amené au Liban.

Un véritable jeu d’intérêts autour du phénomène, traité de façon superficielle et distante par les médias internationaux et mêmes journalistes sénégalais, sans une véritable rigueur d’analyse du problème. D’où la problématique de l’objectivité (du journaliste) et de la subjectivité dans le traitement des questions migratoires. Ces deux termes ont fait l’objet de chapitre dans les modules de formation lors du séminaire.

A suivre…

Ndiambourinfo

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