La faiblesse des institutions démocratiques et républicaines résulte d’un processus entravé par l’hégémonie de l’exécutif dans l’espace public de l’État de droit. Quand bien même, en principe, la séparation des pouvoirs s’avère l’horizon indépassable du modèle démocratique. Dans la configuration institutionnelle du Sénégal, le pouvoir exorbitant du président de la République n’est pas de nature à massifier le processus politique. Sous ce rapport, la démocratie sénégalaise s’enlise dans le chaos du déséquilibre et du dysfonctionnement des institutions. Au demeurant, les politiques, tous bords confondus, évoquent, de façon minimaliste, la mal formation congénitale institutionnelle. Dans ces conditions, quand une société politique est incapable de se régénérer, la crispation populiste et identitarisme impose un agenda dystopique et dérivatif messianique. Un président, bien que garant du bon fonctionnement institutionnel, occupe néanmoins un magistère éminemment politique et idéologique. Quand l’instrumentalisation éhontée des dispositifs constitutionnels détricote les principes républicains et démocratiques, le processus politique risque de sombrer dans le mantra de l’incertitude. Les circonstances délétères dans lesquelles se trouve la démocratie sénégalaise imposent un aggiornamento à l’ensemble de la classe politique. Le dialogue républicain constitue l’essence de notre modèle démocratique et, par ricochet, le vecteur de la cohésion sociale. Mais faut-il que les politiques désamorcent les problématiques anxiogènes et régressives. Les prémisses d’une présidence impériale, dans le contexte de défiance et de rejet du modèle démocratique, apparaissent nonobstant l’engagement irrévocable de la communauté citoyenne pour le projet démocratique.
Sidy Braham Dieng, analyste politique