L’hôpital régional Amadou Saphir Mbaye de Louga ressaisit “le dossier Astou Sokhna” pour poser le débat de façon interpellative.
L’affaire Astou Sokhna : un grand moment déclic de l’histoire du système sanitaire au Sénégal. C’est à partir de là que les failles et les performances se sont révélées. « Un évènement douloureux et triste aussi bien pour les populations que pour le système hospitalier de façon générale », dira l’administrateur Hospitalier Mohamed Abdal Lah Gueye. Selon les données avancées par le Directeur Général, « Il y’a eu des mandats de dépôts pour les sages-femmes dont 6 inculpés » : « 4 détentions provisoires et 2 en liberté provisoire », « finalement 3 inculpés avec 6 mois de sursis ». « L’affluence de la population vers l’hôpital avait finalement diminué», souligne-t-il. « En interne, le personnel se regardait en chien de faïence », rajoute-t-il.
Sept (7) mois après le drame, un nouveau souffle. Ici à l’hôpital régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga, le nouveau Directeur Général et son équipe se sont donnés le défi de cicatriser la blessure. Les stigmates du drame font toujours mal, aussi bien du côté des populations que du côté du système hospitalier, constate t-on.
A travers une interview accordée à notre site ce mardi, le nouveau DG n’a pas manqué de revenir sur des facteurs combinés à l’origine de drame. La problématique de la surcharge de travail « négligée dans les analyse » : « le respect de la pyramide sanitaire » dont les populations n’ont aucune idée de ce que c’est y est pour quelque chose, à l’en croire.
« Les gens ruent à l’hôpital pour un simple mal de tête », « pour des contractions chez la femme enceinte », « pour les besoins de l’accouchement », constate-t-il. Pourtant, insiste-t-il « il y’a la prise en charge de proximité mais les gens laisse ca derrière, pour venir envahir l’hôpital », se désole-t-il.
Abdallah Gueye regrette : « beaucoup de problèmes de surcharge se posent dans les hôpitaux au moment ou les patients pouvaient se limiter aux postes de santés, aux centres de santé de proximité ».
Cette situation est le mal de tous les hôpitaux, decrit-il. Quand les gens arrivent dans les hopitaux, « ils trouvent des urgences sur place qui sont aussi des priorités ils et créent des surcharges ». « Le médecin, le gynécologue par exemple consultent plus de personnes qu’il ne peut ». Or, souligne t-il, la loi ne lui donne pas le droit de refouler le patient dés qu’il franchit la porte de l’hôpital. La conséquence, selon lui, est qu’il « va travailler sous la pression» , ce qui peut perturber son équilibre, à sa stabilité.
A l’hôpital, les infirmiers et sages-femmes sont débordés, constate-t-il, « or, l’hôpital doit être le dernier recours pour le patient ». Mouhamed Abdallah Gueye précise que « l’hôpital c’est pour les cas et les pathologies que les postes de santé, les centres de santé ne peuvent pas gérer ». « D’ailleurs, c’est à partir de là-bas que le patient est orienté à l’hôpital ». « Donc, il faut d’abord aller au centre de santé de proximité ou au district sanitaire pour se faire consulter et soigner».
L’administrateur hospitalier indique que le respect de la pyramide sanitaire consiste à se rendre d’abord au centre de santé ou au poste de santé. « Dans les normes, la personne n’a pas besoin de venir directement à l’hôpital : en principe, le district sanitaire ou centre de santé qui lui est plus proche est habilité à lui faire des soins », apprend t-il. Le non-respect du schéma de la pyramide sanitaire est à l’origine des débordements dans les hôpitaux, se désole-t-il. A l’en croire, ce schéma est conçue pour éviter les surcharges de travail dans les structures sanitaire et, par conséquent, « éviter au personnel de vivre la psychose de la pression ». La pression rend toujours nerveux et perturbe l’équilibre psychologique de l’agent, retient –on de ses explications.
Ce détail revient toujours dans l’analyse des accidents qui surviennent dans les hôpitaux. Dans cette liste d’accidents, on note les bébés morts calcinés à Dahra et à Tivaouane, il n’ya pas longtemps, l’épouse du soldat décès avec son bébé, des suites d’un accouchement mal encadré à Kédougou, et d’autres cas signalés par ci par là.
« Normalement Astou Sokhna aurait pu bénéficier de soins dans une structure sanitaire de proximité », croit Abdallah Gueye. Au cas où c’est le schéma inverse qui se serait présenté pour son cas, c’est-à-dire qu’elle est venue directement à l’hôpital, elle a sans doute trouvé d’autres urgences qui sont dans la même situation qu’elle. Et devant ce cas de figure, « les agents ne pouvaient pas négliger les urgences qui l’auraient devancées pour s’occuper immédiatement d’elles », fait –il remarquer.
« Est –elle passée à une structures sanitaire de proximité ? On ne sait pas. Ce qu’il y’a à retenir, c’est qu’un travail de conscientisation est nécessaire pour imposer les populations le respect de la pyramide sanitaire », constate l’administrateur hospitalier.
Justement parlant des structures sanitaires de proximité, le « problème d’équipements de qualité » est souvent décrié. Seulement : « le patient qui craint de ne pas avoir des soins de qualités dans les centres de santé, et qui vient ici à l’hôpital, il va créer un autre problème de surcharge ici». Une façon pour lui d’interpeller le ministère concerné pour « régler ce problème d’équipement si vraiment il est réel ».
Ndiambourinfo