Voré Gana Seck, une militante convaincue et active de la cause environnementale s’en est allée. Je retiens de mes relations éphémères il est vrai, mais généralement sereines et empreintes de cordialité, avec cette dame de notoriété mondiale, les qualités de pédagogue et de médecin, tout à la fois. Car son pouvoir illocutoire tenait, des ressources de l’un et de l’autre, par son expressivité, par sa puissance magique qui s’inscruste littéralement dans la conscience et baillonne le coeur, comme chez les grands maîtres de la parole. C’était une âme charitable et compatissante, que le secours aux personnes en détresse préoccupait sans esprit de gloriole. Elle aimait avec passion ses soeurs et ses oncles ou cousins, en particulier la romancière Rahmatou Seck Samb, le Général Mamadou Mansour Seck, une icône de bravoure et Cheikh Seck, une célébrité du sport sénégalais ; elle adorait son père dont elle célébrait la mémoire avec respect et ferveur et elle avait un attachement viscéral pour son terroir natal.
Manager de grande envergure, Voré Gana Seck mettait en pratique l’idée, à première vue surprenante, que l’entreprise n’est pas un îlot dans un quartier ou une ville, c’est un corps social dans l’environnement. Vore semblait avoir transposé ainsi sa considération pour l’environnement, dans ses relations humaines. Écartant ou utilisant subtilement les ressources des dynamiques patriarcales, au profit de la femme surtout rurale, elle a rempli honorablement son engagement local. Son mérite c’est d’avoir mis des armes efficaces au service de la lutte contre la dégradation de l’environnement et des problèmes du climat, en plaçant les femmes, principales victimes de ces désordres, au coeur d’une bataille citoyenne.
Sa démarche salvifique s’élevait également vers les hauteurs d’un combat mondial où se retrouvaient, dans un élan concerté, tous les acteurs du développement durable, préoccupés de léguer une terre vivable, aux générations futures. Elle recommençait sans cesse, comme dans une sorte de démarche symbolique, le voyage de son illustre géniteur, appelé sous les drapeaux, lors de la Seconde Guerre mondiale, pour défendre la paix et la survie de l’espèce humaine dangereusement menacées.
Mais la guerre pour laquelle elle s’était mobilisée, dans une ferme détermination, quoique d’un autre ordre, mais plus mortifère à longue échéance, se révèlait sans doute tout aussi vitale et s’inscrivait dans l’histoire de la planète. C’était une guerre d’un autre type au nom de la survie du genre humain.
Adieu Woré ! Repose en paix. Le flambeau ne s’éteindra jamais, car ta mémoire vivra en chacun de nous à jamais.
Pr. Birahim Thioune
Docteur d’Etat ès Lettres (Littérature française)
Doctorat Sciences du Langage – Didactique du FLES à Université Paul Valéry – Montpellier