“C’est pas les marabouts c’est Dieu”

“C’est pas les marabouts c’est Dieu”

La 122ème édition du gamou de Tivaouane a vécu. Les musulmans se sont rencontrés pour célébrer la naissance du sceau des Prophètes (PSL) Mouhamed Rassoullal Allah. Mais, la principale attraction vient naturellement du champ des cours, fief des mourchides, dont le marabout en chef s’est encore illustré de manière croquignolesque. En tout cas le nom d’Ousmane Sonko est revenu comme des serpents de mer.

Dans cette partie de la ville sainte de Tivaouane, nous avons assisté à une tribune où celui qui attirait toutes les attentions, tente dans un pot-pourri discursif, de mettre en avant sa vision du Sénégal. La vente d’illusion. Tel est l’état du discours du fils de l’un des plus charismatiques guides religieux du pays devant ses inconditionnels. Des histoires et des illusions à dormir debout. Un discours « stratégique » qui frise l’illusion des efforts pour insinuer qu’il n’y a que la philosophie mourchide qui vaille et que lui, le responsable morale est la seule force centripète au Sénégal. L’as qui cherche à tuer les rois. Dirait-on ! Ce phénomène est loin d’être un effet nouveau dans son approche discursive pour haranguer les foules.

Quand j’ai entendu Serigne Moustapha Sy Al Makhtoum dénigrer, sous forme d’allégorie, tous ceux qui ne sont pas acquis à sa cause, ramener tout à lui, Bilay, je me suis demandé s’il n’est pas en train de fouler aux pieds les enseignements mohammadiens : le respect, la modestie, la discrétion, j’en passe. Mais avec le recul, je me suis dit que puisque « l’homme est une liberté », donc, chacun est libre de dire comment il perçoit le message prophétique mais les musulmans ont aussi le droit d’apporter leur point de vue par rapport à un sentiment.

Personnellement, le discours que j’ai suivi à travers les médias, depuis le champ des courses de Tivaouane n’a rien de spécial. C’est le réchauffé des années précédentes avec comme seule nouveauté un changement de personnage central en l’occurrence le Premier ministre Ousmane Sonko, l’homme à abattre.

Pour vous dire que le marabout n’a pas dérogé à « sa » règle : fustiger les tenants du pouvoir tous azimuts. Et, il a trouvé sa rhétorique à lui pour minimiser et vouloir mettre le charismatique Ousmane Sonko au banc des accusés, le réduire à néant. Les prémisses de diabolisation du leader du PASTEF ont débuté avec la « comédie du coma de Sonko à l’hopital ». C’était une sorte d’avant-première de l’épisode du gamou 2024. Le paradoxe de cette année par rapport au passé c’est que le son de cloche qui a sonné du haut d’un minaret cherche à diviser un tandem harmonieux (Sonko-Diomaye). Ce tapage politico-religieux qui ne trouve pas d’explications valables ne troublera malheureusement pas le sommeil des pastéfiens qui restent zen. La seule chose qui vaille pour le régime actuel n’est autre que la reconstruction du pays. Ils ne prêtent même pas une oreille attentive aux propos à tout venant. Le syndrome Senghor-Dia (diviser pour mieux régner) doit suffisamment leur servir d’exemple.

Ce à quoi nous assistons ces dernières décennies, pendant la célébration de la naissance de l’Envoyé d’Allah (PSL) se fonde sur tout sauf l’orthodoxie. Les causeries durant la nuit dédiée au Meilleur des hommes a perdu de son charme et de sa superbe avec l’avènement des petit-fils des cheikhs qui ont instauré une traite « talibéère » : la recherche de disciples par tous les moyens et sans vergogne d’ailleurs. Au champ de course le prêcheur-phare de la nuit du mawlid semble se prendre pour une alternative divine pour l’élection et la déchéance des hommes politiques. Alors qu’en tant que maréchal double casquette (politico-religieux), il n’arrive même pas grignoter 5% des suffrages. Sa communication, n’est ni plus ni moins que du marketing religieux associé à de la propagande politique.

Pour rappel, les présidents Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall ont été traités, à de telles occasions, de pestiférés par le moustarchide en chef. Et pourtant, ces derniers ne sont pas pour autant atteints de la même maladie. Aujourd’hui, le même procédé continue en filigrane. Et pourquoi ? Serigne Moustapha SY, le Responsable moral du Mouvement Moustarchine Wal Moustarchidati, a-t-il des ambitions présidentielles inavouées ?

La réponse ne saurait être qu’affirmative. Sinon pourquoi la nécessité de la mise en place du Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR) qui n’est encore qu’une piste de valse pour des candidats pusillanimes (feu Khalifa Diouf, Issa Sall, Cheikh Tidiane Youm et Aliou Mamadou Dia). Serigne Moustapha est à la fois le Chef suprême de « sa » formation politique et de « sa » dahira. C’est indéniable et irréfutable. Tout autre personne à la tête du PUR n’est qu’un faire-valoir. Le PUR et la Dahira MWM c’est comme les deux quignons d’une miche de pain. C’est du pareil au même. « Mbourou fouf ko farine ». Diront mes cousins halpulars.

Prêchez la parole d’Allah, on écoute et on dodeline de la tête. Parlez-nous de politique, on discute et argumenté si on n’est pas d’accord et c’est tout. La censure n’a pas sa place sous le soleil politique qui luit pour tout le monde !

Prenez note, aujourd’hui c’est Sonko qui est voué aux gémonies, demain le Diomaye mis sur un piédestal en or en aura royalement pour son grade. Raison pour laquelle ces deux doivent impérativement raffermir davantage les liens fraternels et amicaux et professionnels qui les unissent depuis belle lurette et se mettre au service du peuple sans complaisance pour décevoir ceux qui sont déjà munis de fagots de cure-dents pour un festival de rire. Il n’a qu’à faire comme les enfants du laboureur de La Fontaine : « travaillez, prenez de la peine, c’est le fond qui manque le moins ». Et pour y arriver, il faudra qu’ils acceptent d’endurer l’adversité des mara-descendants qui ne sont mus que par leurs intérêts ; en sus des opposants naturels qui viendront déranger la conduite des chantiers pour se donner en spectacle dans le but de grappiller quelques brins de suffrages lors des élections à venir.

En langage républicain, , l’Etat doit rester fort pour anéantir les velléités des formations d’obédience confessionnelle qui veulent le prendre en otage. Il a l’insigne responsabilité de rester droit dans ses bottes régaliennes, tel un sphinx pour faire face aux menaces et chantages venant des « haies ».
Pastéfiens du Sénégal unissez-vous ! Tout ce qui ne tue pas, rend forcément fort. Les discours accusateurs ne peuvent pas secouer la barque pastéfienne qui cherche à mener le peuple sunugalien vers des rivages beaucoup plus cléments. Ce n’est qu’une opération-tintamarre qui n’a qu’un soubassement occulte : « ôte-toi que je m’y mette ».

« C’est l’homme qui a peur sinon Il n’y a rien ! Ce n’est pas le marabout c’est Dieu !»

Cheikh Ahmad Tidiane Ndiaye

journaliste et blagueur

Ndiambourinfo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Visit Us On TwitterVisit Us On Facebook