Environ « 80% de la production statistique régionale n’a pas été au rendez-vous » pour une bonne analyse des données. Cet aveu a été fait par la coordonnatrice du bureau genre du ministère de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation. Interrogée dernièrement à l’occasion l’installation du comité multipartite pour des statistiques différenciées à Louga, la porte-parole (dudit comité) Mme Ndeye Sine Diop est revenue sur les lenteurs et blocages auxquels la production statistique est confrontée au Sénégal depuis le niveau local.
Pour rappel le comité multiparti installé par l’ANSD en complicité avec le ministère du travail et ONU Femmes a pour but de sensibiliser les autorités et les acteurs régionaux sur la nécessité d’accorder plus d’importance aux statistiques différenciées selon le sexe.
« Apres l’élaboration de notre plan, nous sommes descendus sur l’échelle départemental, local et même jusqu’au niveau des quartiers », retient –on de ses explications. « L’un des difficultés que nous avons rencontré et que mêmes les populations approchées ne nous prennent pas toujours au sérieux », s’est –elle plainte, avant de souligner « le déficit de moyens affectés à la statistique au Sénégal ».
Justement concernant la problématique des moyens, la représentante du conseiller du Directeur Général de l’ANSD chargé de l’action régional a fait un focus sur ça. Mme Siga Ndiaye Dia reconnait que « des moyens sont affectées à la production statistique oui » mais « soit ça n’arrive pas à temps voulu » d’où « le retard dans certaines opérations », « soit ces moyen sont insuffisants » et « ça impacte sur la qualité du travail qui laisse à désirer ».
La même source prévient que « les préfets ont demandé des ententes niveau départemental » ; « les maires ont réclamés des points focaux ». « La demande est très forte et aigüe ». Or, « plus c’est déconcentré c’est cher » et « plus les études sont précises, plus ça coute cher », prévient -elle.
L’heure est de s’occuper des statistiques désagrégées, « sachant que les politiques de développement économiques et sociales sont foncièrement locaux ». « La demande est de plus en plus exigeante en termes de désagrégations au niveau local », at –elle averti, dans son allocution, lors l’installation du comité.
Dans le comité multiparti les 34 cellules genres siègent. 33 ont participé à la production d’un plan d’actions de statistiques différenciées. Ce plan d’action a accouché d’un outil de coordination qui s’appelle le VISA statistique qui a pour objectif d’harmoniser et de diffuser la production statistique. Les fausses statistiques et les doublons ici pris en compte désormais, « le Visa s’applique aux administrations publiques nationales, établissement publics, sociétés nationales, sociétés participatives publiques et administrations publiques internationales. Les services et organismes producteurs de statistiques publiques peuvent charger, sous leur responsabilité, des entreprises, établissements et organismes privés, de décoller, traiter, analyser des informations spécifiques et réaliser des enquêtes statistiques », peut –on lire sur le document d’orientation sur le comité multipartie.
Ainsi la vulgarisation des activités du comité multipartite dans les 14 régions et la sensibilisation des acteurs et autorité locaux ne semblent pas suffisant. « L’autonomisation du financement de la statistique et l’engagement de l’Etat à financer la production statistique est une très forte demande », a-t-elle conclut Mme Dia Mame Siga Ndiaye.
Sokhna Karima