Du sens des chiffres et des lettres….

Du sens des chiffres et des lettres….

Amadou Tidiane WONE à défunt Malick Ndiaye

Les technocrates, surtout lorsqu’ils se politisent, ont l’art et la manière d’éblouir le public non averti par des phrases savantes et des mots clinquants qui résonnent comme des vérités bibliques…Pourtant, à y regarder de plus près, on  réalise que leurs contes (comptes ?) de fées sont bien souvent plus proches du cauchemar pour les populations concernées, que de l’Eden promis par leurs mots répétés en boucle… Prenez le taux de croissance , la dette, l’autosuffisance alimentaire, l’émergence etc. Lisez entre les lignes des statistiques élogieuses qui allongent le communiqué du conseil des ministres…Que des chiffres et des lettres dans une froideur inerte. Il nous faut impérativement, pour faire œuvre utile, revisiter toutes ces litanies ésotériques qui reçoivent en écho comme des murmures de non-approbation  du peuple qui trime.

Prenons la dette. On sait que la dette du Sénégal est passée en moyenne de 200 000 frs en 2011 à 747 000 frs par citoyen sénégalais. Elle a donc été multipliée par 4 en moyenne.  Soit 7 474 000 à rembourser à terme pour une famille de 10 personnes.

Si on nous expliquait comme cela, en charges familiales nouvelles,  les investissements en termes d’infrastructures ,on s’interrogerait davantage sur le rapport entre leur coût  et leur opportunité. Mais l’on se préoccuperait aussi des coûts réels  et véritables des différents projets en cours.  On doit nous expliquer la composition de la dette de 740. 000 cfa par sénégalais, de manière simple et accessible à un citoyen non averti.  Afin que chaque contribuable réalise que la pression fiscale qui ponctionne ses pauvres revenus est une conséquence de la dette qui augmente. On pourrait, par exemple, la décomposer en schématisant : 100 000 frs pour le TER, 100 000 frs pour l’autoroute, 300 000 pour X ou Y et même provisionner 200 000 frs de la dette restante par personne entre détournements  et corruption ! Pour tout dire, apprenons à désarticuler, dans un but pédagogique, les discours lénifiants des « cadres » administratifs doctes et péremptoires, en touchant de plus près notre vécu au quotidien !

Les cadres des partis de l’opposition parlementaire, mais aussi les nombreux prétendants à des positions de service public d’une part, et de l’autre tous les militants de la bonne gouvernance et de la transparence, doivent se livrer à  un travail de fourmi pour déconstruire le discours politicien qui tend à nous faire oublier des questions essentielles :

– Notre endettement est-il  pertinent et raisonnable ?

– Avons-nous fait les meilleurs choix de partenariat, financier et technique, pour chaque projet en cours depuis 10 ans ?

– Les priorités données au transport et à la mobilité urbaine, en termes d’infrastructures physique, sont-elles conformes aux intérêts supérieurs du pays dans le monde actuel et pour les vingt prochaines années ?

– Sur une échelle de 1 à  10, où en sommes-nous en terme de progression vers l’autosuffisance en riz promise depuis plusieurs années ?

– Quelle est la part de notre dette investie dans l’avenir de nos enfants : Éducation, Santé, Agriculture….

Le débat politique doit porter sur ces sujets cruciaux.  Il doit sortir des caniveaux et nous éclairer. On doit comprendre,  si possible, comment des fonctionnaires peuvent s’enrichir et de quel droit ? On doit savoir pourquoi des entreprises étrangères ôtent le pain de la bouche de PME sénégalaises qui aspirent à grandir ?

Au demeurant,  la politique ne doit plus se juger dans les tribunaux. Mais se jauger à la barre du suffrage universel sur la base de bilans tangibles et discutables !

Enfin…

Une pensée et une prière, ardentes et sincères, pour le Professeur Malick NDIAYE qui vient de nous quitter. Il était courageux ! Vissé dans des convictions intimes fortes, il a toujours essayé de les étayer par des arguments rigoureux basés sur des recherches poussés hors des sentiers battus. En cela il était déroutant ! Cela faisait son charme et son panache. Sa disparition nous invite, encore une fois de plus, au recul et à l’écoute bienveillante entre nous !

Qu’Allah lui ouvre Les Portes de Sa Miséricorde Infinie et nous inspire le Bien.

Ndiambourinfo

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