Le phénomène prend encore plus d’ampleur, malgré l’existence d’une loi qui l’interdit.
Beaucoup de groupes et de comités de sécurité continuent d’utiliser illégalement les tenues militaires et autres attributs des FDS dans les activités politiques, religieuses, culturelles et même familiales.
Pire encore, ces groupes bénéficient, pour la plupart, d’une formation dans les sports de combats et même dans d’autres domaines réservés aux Forces de défense et de sécurité.
Je félicite, à l’occasion, le DG de l’APS Momar Diongue qui a réagi récemment à une de mes alertes pour ordonner la suppression, sur le site de l’agence, un reportage vidéo effectué sur un groupe de sécurité en pleine démonstration lors d’une cérémonie du Mawlid à Kaolack.
Pour rappel, le 3 novembre 2022, le ministre de l’Intérieur mettait en garde contre la prolifération de tenues et d’attributs militaires portés illégalement par certains individus, notamment ceux imitant les forces spéciales. Une pratique qui, selon lui, entretient la confusion auprès des populations et peut couvrir des actes malveillants.
En 2014, une polémique avait opposé la police au guide religieux Serigne Modou Kara, dont certains disciples arboraient uniformes et insignes. Si l’affaire s’était dénouée par une audition à domicile, la problématique du port illégal d’attributs militaires reste d’actualité.
La réglementation est pourtant claire. Le décret n°2003-447 du 23 juin 2003 réserve le port de l’uniforme aux forces de défense et de sécurité, ainsi qu’aux agents de surveillance et de gardiennage dûment autorisés par le ministère de l’Intérieur.
Au delà des réactions sporadiques de l’autorité et des rappels à l’ordre éphémères et sans effets coercitifs, le Sénégal a le devoir de trouver une solution définitive à ces dérives surtout face aux défis sécuritaires qui nous interpellent au niveau national et africain.
Il ya ainsi des raisons valables et pertinentes qui fondent ces interdictions.
La préservation de l’ordre public par l’interdiction vise à éviter toute confusion entre les civils et les forces de l’ordre, protégeant ainsi les institutions militaires.
Le port d’uniformes militaires par des civils peut faciliter les actes criminels isolés, le terrorisme et le crime organisé
Plusieurs pays interdisent le port d’uniformes militaires par des civils, dont le Mali, la République Démocratique du Congo (RDC), le Gabon et le Togo. D’autres pays, comme la Suisse, interdisent le port illégal d’uniformes, même si ce n’est pas explicitement une tenue militaire, via des sanctions pénales. Cette interdiction vise à empêcher la confusion dans l’esprit du public et à éviter qu’un civil ne soit confondu avec un membre des forces armées.
Dans certains pays comme le Cameroun, il existe une réglementation stricte appliquée rigoureusement aux services et autres groupes de sécurité privée. Ces groupes ont des tenues avec des couleurs et des signes différents de ceux des FDS nationales.
Au Mali, le port d’uniformes militaires est interdit aux civils, une mesure prise en avril 2023.
En République Démocratique du Congo (RDC), les civils sont interdits de porter les effets militaires ou des vêtements similaires.
Au Togo, l’importation, la commercialisation et le port de tenues militaires par des civils sont interdits, comme l’a annoncé le gouvernement en septembre 2019.
Au Gabon, le ministère de la Défense a émis une mise en garde en avril 2025 contre le port illégal d’uniformes militaires, rappelant que cette infraction est un délit passible d’une peine pouvant aller jusqu’à deux ans de prison et d’une amende.
En Suisse, le “port indu de l’uniforme”, qui peut être considéré comme un port illégal d’uniforme, est puni par une amende, conformément au Code pénal suisse.
Mamadou Barro, ancien journaliste et membre du HCCT
Ndiambourinfo