Parti à la retraite après quarante (40) ans passés en Europe, le lougatois Alé Lo a fait l’objet de vibrants hommages de la part les services de la mairie de l’Espagne.
« L’Europe ne refuse pas l’accès à tous les étrangers ». « Ceux qui sont dans la légalité et qui savent vivre de façon respectueux vis-à-vis les normes et codes sont les bienvenues ». Tel semble être le message des espagnols sur le cas Alé Lo qui a cohabité presque un demi siècle avec eux.
« Ali » « Ali » est un nom connu des espagnols qui le côtoient. On ne manque pas de l’entendre prononcé par – ci par là dans les alentours de chez lui, dans certaines rues de son quartier ou quand il faufine dans les espaces commerciales; « Ali », l’ami des jeunes espagnols, des dames et des enfants. A les entendre l’appeler, la familiarité sonne dans les intonations. Ceci suffi à deviner un bien « chez lui » dont –il s’agit. Alé Lo, on peut dire, un sénégalais vivant en Espagne ou plutôt un espagnol né au Sénégal.
Après trente (30) ans passés dans la pratique commerciale sans délit le moindre, la mairie de la région où il vit et son entourage ont tenu à lui décerner une cérémonie de congratulation, en guise reconnaissance manifeste de satisfaction à l’endroit du sénégalais en question.
« Respect des codes et normes établies», et « normes administratives », « respect de la loi », « paiement des taxes et impôts » ; « sens de l’ouverture », « tolérance vis-à-vis de l’autre » : tels sont les descriptions portraits perceptibles par ci et par là sur les entêtes des journaux espagnols, confirmés par la radio communautaire. Celle -ci a accompagné le conseil municipal le jour de la remise du prix de reconnaissance au sénégalais Alé Loi.
L’année de sa retraite a coïncidé avec la fin de sa mission de mobilisation des sénégalais de l’Espagne. Les témoignages ont plu abondement quand il rendait la caisse d’épargne solidaire qui lui a été confiée avec consensus, il y’a de cela environ trente (30) ans.
Alé Lo est d’origine lougatois. Natif de Keur Meuyip (un village de la commune de Louga), il est né de parents ménagère et berger. Son père faisait partie de la classe des plus aisés avec un cheptel de grande taille. Mais cette richesse ne lui aveugla pas la vue. Tout jeune, il rêvait de son autonomie et d’une indépendance financière, mais son père ne consentait pas trop à le laisser partir travailler loin de lui. « Tu n’as pas besoin de ça. Le cheptel est là et cela suffit pour se faire de l’argent », lui chantait -il sans cesse.
Le destin l’appelait sans doute ailleurs. Pour satisfaire ce gout à l’aventure, le jeune lougatois d’alors se contentait, de voyager dans les localités non loin de son village natal à l’aide sa charrette. Nous étions en 1975 : la France venait en ce temps d’ouvrir relativement ses portes aux africains candidats à l’émigration. De nouveau il revint auprès de son père et sollicita son autorisation pour voyager hors de l’Afrique. En fin il obtint gain de cause : son père consentit à le laisser à aller gagner dignement sa vie en Europe. Au préalable, pour un objectif de capacitation dans les transactions commerciales, il le mandata faire un séjour à Dakar chez son ami Aladji Yeri Samb, commerçant grossiste bien connu du milieu commercial au marché Sandaga.
Alé Lo rejoignit ce dernier qui l’initia aux lois du marché, de l’offre et de la demande. En un temps record le jeune apprenti commercial montra à son mentor un “génie en herbe” dans le domaine des transactions commerciales. Le compte rendu qu’il donna au père du jeune apprenti commercial promettait un futur commerçant de renom.
Nous étions en 1976 : le jeune Alé venait de recevoir son visa pour Paris. Ainsi l’aventure venait de s’ouvrir. Arrivé à Paris, Alé Lo resta là-bas trois (3) ans précisément sans travail. En ce temps, la France procédait en même temps au rapatriement des étrangers restés au pays de Gaule sans travail. coup de miracle:: le nom du jeune Alé, n’a jamais n’a figuré dans la liste des sénégalais à rapatrier.
Habité par un gout pour l’aventure, l’idée de tester la vie en Espagne le tenta. Il partit. Là-bas, la situation n’était pas meilleure qu’en France. De nouveau il revint à Paris pour, quelque temps après continuer sur Hollande. Ici, sa situation connu un léger souffle grâce à son activité commerciale. Mais devant le risque de déportations, par anticipation, il prit les devant et retourna à paris lui-aussi. Arrivé de nouveau dans cette région de l’Europe, pour cette fois ci, il ouvre un magasin de vente d’habits et cosmétiques qu’il va referma plus tard pour encore rejoindre de nouveau l’Espagne en 1985. il connut son âge d’or précisément durant cette phase de son histoire avec l’Europe. Comme sous l’ordre d’un mystère, il obtint la nationalité espagnole qui lui donna droit et toutes les opportunités de transactions commerciales. Sa loyauté et son sens du respect des lois facilitèrent son enregistrement sur le registre national espagnol en tant que commerçant professionnel. Intégration avec les services de la municipalité : sa complicité avec le maire sera d’un apport pour gagner des marchés. Sa sécurité désormais garantie : la police municipale le regardait comme un citoyen digne de protection.
Alé lo marqua à jamais les espagnoles qui ont croisé son destin. Aujourd’hui, parti à la retraite, l’instinct lui dicte de retourner à la terre natale. Quoi décider devant l’attachement de son ex médecin devenu le maire qui tient à le maintenir en Espagne. La promotion de son exemple a pour but l’intention de redéfinir de nouveaux paradigmes de l’émigration qui s’impose dans un monde qui bouge et qui appelle à la dialectique et le dialogue des cultures. Le phénomène Alé Lo et son histoire avec l’Europe remet à la table du débat la problématique du rapprochement des peuples et la connexion des réalités socio-économiques des peuples, aussi éloignées fussent –elles.
Khalifa Fall